samedi 23 juillet 2016

Au bonheur des drames

En avril 2015, je m'interrogeais sur la stratégie de la France vis-à-vis des organisations djihadistes. Maintenant, les choses sont plus claires : il n’y en a pas, ou plus exactement des listes d’annonces après chaque attentat en font office. On navigue au petit bonheur des drames en s'efforçant de rester en surface des choses.

La non offensive à outrance

Rappelons cette évidence qu’une stratégie suppose de définir un objectif face à un ennemi. Encore faut-il avoir défini au préalable cet ennemi, et le « terrorisme » (avec ses déclinaisons : organisations, groupes armés (GAT) et maintenant « armées » terroristes) ne saurait être un ennemi puisqu’il s’agît là d’un mode d’action. L’Etat islamique ou AQPA font-il la « guerre au bombardement » ? Aux « groupes armés droniques » ? Je ne crois pas.

Il y a là une forme d’évitement tout à fait pernicieux, qui finit même par être suspect. On ne fait la guerre qu’à un ennemi, c’est-à-dire une ou plusieurs entités politiques, et la moindre des choses c’est de les désigner : nous faisons la guerre à des organisations islamistes radicales, l’Etat islamique bien sûr, (autant l’appeler par le nom qu’il se donne depuis dix ans) mais aussi Al-Qaïda au Maghreb islamique ou Al-Mourabitoune. Ces organisations sont changeantes mais elles sont liées par une vision très semblable du monde.

Une première difficulté stratégique réside évidemment dans le fait de choisir. Faut-il considérer ces forces dans leur globalité et s’attaquer à ce qu’elles ont de commun ? Faut-il décider de faire la guerre à toutes les organisations armées salafistes ou fréristes du monde ou considérer simplement celles qui attaquent la France ? Dans le premier cas, pourquoi la France ne frappe-t-elle pas Ahrar al-Sham en Syrie ou Ansar al-Charia en Tunisie et dans le second pourquoi avoir attaqué le Hezb-e-Islami Gulbuddin en Afghanistan ou même l’Etat islamique (qui n’avait pas tué de Français avant septembre 2014) ? La chose est d'autant plus délicate que cela suppose d’intervenir dans des Etats souverains, que l’on a du mal à ne pas suivre les Etats-Unis lorsqu’ils le demandent et que parmi nos principaux partenaires économiques, on trouve les poumons financiers de l’idéologie qui nourrit nos ennemis (il était surréaliste de voir Nicolas Sarkozy justifier depuis Ryad la lutte contre les Talibans, ces monstres qui ne respectent pas les femmes). 

L’équation est évidemment complexe mais elle ne dépend finalement que d’un paramètre principal : le courage politique, vertu qui a semble-t-il déserté notre classe dirigeante. On attend donc toujours une vision claire et sérieuse de ce que l’on souhaite : la fin de l’islamisme radical dans le monde ? La « simple » destruction de l’Etat islamique ? D’Al-Qaïda ? De toutes les organisations djihadistes existantes et futures ? La fin des attaques contre le sol français ? La stabilisation des pays arabes ?

Outre la nécessité de définir au minimum ce que l’on veut, la difficulté d’une bonne stratégie est d’accorder l’objectif et les moyens. On peut dire ce que l’on veut de la vision américaine de la « guerre contre le terrorisme » (expression dont tout individu un peu sérieux s’étonnait alors en France) après 2001 et de ses résultats mais au moins les Etats-Unis se sont donnés les moyens d’agir. Pour notre part, on fait des discours lyriques, on annonce la guerre (mais surpris par tant d’audace on ne dit pas contre qui)…mais la mobilisation des forces qui devrait suivre une telle déclaration est minuscule. C’est la Marseillaise sans la levée en masse.

Ce ne sont pas en effet les quelques rectifications, certes bienvenues, à la loi de programmation militaire ou les plans de lutte contre le terrorisme qui vont rattraper la division par deux en vingt-cinq ans de l’effort de l’Etat dans sa mission de protection (défense, intérieur, justice) de la France et de ses intérêts. Il est vrai que le renouvellement de notre classe politique est tel que la classe dirigeante actuelle est celle qui a décidé, par petits calculs, de baisser la garde tout en regardant la progression parallèle de la menace islamiste. L’emploi de l’expression « dividendes de la paix » par Laurent Fabius a précédé ainsi de quelques mois les attentats de Paris de 1995 qui constituaient en fait le début d’une autre guerre. Cette crise des ciseaux (développement de la menace et en même temps réduction des moyens d’y faire face) a même connu une accélération forte depuis 2008 jusqu’à ce que les dindes découvrent l’existence de Noël et la faiblesse de leurs marges de manœuvre, sans faire appel au courage.

Pour que l’Etat retrouve des moyens sérieux (on n’est pas sérieux, par exemple, quand l’armée de l’air se considère « en limite » avec 18 avions de combat engagés), il faut par effet de dominos restructurer toute la dépense publique, donc susciter des perdants dans les acquis qui ne manqueront pas de faire savoir leur mécontentement. On ajouterait ainsi à l’ennemi extérieur une hostilité intérieure en pleine période électorale (la seule campagne qui soit sans doute vraiment pensée par notre chef des armées et son prédécesseur) et l’expérience tend à démontrer une aussi grande timidité vis-à-vis, des corporations organisées, au sens large, que face à « ce qui n’est pas nommé ».

Bien sûr, les budgets ne sont pas seuls en cause. Les organisations bureaucratiques et les sous-organisations développent aussi toujours leurs objectifs et leurs pratiques propres qui ne sont pas forcément corrélés à l’objectif stratégique (surtout si celui-ci est flou). La description de la structure byzantine du renseignement intérieur, alors que celui-ci a clairement été pris en défaut depuis au moins quatre ans, suffirait à démontrer qu’il n’y a pas, derrière la « voix blanche », de réelle volonté politique de transcender les blocages. La défense ne vaut guère mieux, avec sa difficulté à trouver un modèle cohérent avec les défis actuels mais également à s’ajouter de la rigidité. Quant à la Justice, le spectacle de notre politique carcérale suffit à lui-seul à montrer que là non plus la guerre n’a pas été prise au sérieux.

Au bilan, non seulement nous n’avons pas d’objectif clair, ce qui complique forcément la possibilité de l’atteindre, mais nous (et surtout nos dirigeants) ne nous sentons visiblement pas suffisamment en guerre pour pouvoir transcender les blocages intérieurs de tous ordres et se donner des moyens un peu plus conséquents. Pour autant, même si ne nous intéressons pas beaucoup à l'ennemi (pour ne pas commencer à l'excuser paraît-il), celui-ci s'intéresse quand même à nous. Nous sommes réellement en guerre mais engagés à force d'empilement de réactions sur plusieurs fronts intérieurs et extérieurs sans en maîtriser aucun. 


En marche

Je crois pour ma part, mais j’ai conscience des faiblesses d’un raisonnement d’un seul homme, qu’il faut commencer par désigner l’islamisme radical comme définitivement incompatible avec les valeurs de la République française et combattre tout groupe ou individu qui prônerait l’imposition de la Charia en France, sous forme « quiétiste » ou non. Les démocraties n’ont pas hésité à le faire pendant la Seconde Guerre mondiale avec les groupes et partis proches de l’idéologie ennemie, faisons de même. Cela fâchera les monarchies du Golfe (et leurs petits amis dans notre classe politique) et cela stimulera la colère de l’ennemi. Qu'il en soit donc ainsi. A l’extérieur, la France doit lutter, de toutes les manières possibles, contre les organisations djihadistes qui la menacent directement et aider les Etats locaux à neutraliser le phénomène. 

Cet effort de longue durée suppose une volonté ferme et partagée. Il suppose bien sûr que l'Etat reprenne à son compte son rôle premier de protection des Français. Rappelons une nouvelle fois que si on faisait le même effort qu’en 1990, on consacrerait chaque année au moins 30 milliards d’euros de plus aux ministères régaliens. Gageons, que toutes choses égales par ailleurs, les choses seraient déjà un peu différentes de ce qu'elles sont aujourd'hui (et je ne parle pas des centaines de milliards qui auraient pu être investis dans ces champs depuis 1990). Dans un pays qui produit annuellement 2 100 milliards d'euros de richesse et qui tolère assez facilement au moins 60 milliards d'évasion fiscale, cela doit être malgré tout possible, avec un peu d'imagination et surtout de volonté. On a été capable de trouver 36 milliards en 2008 pour un plan de relance de l'économie, on devrait donc logiquement être capable de faire de même pour cette guerre. 

Cela serait cependant insuffisant sans une adaptation, matérielle, culturelle et organisationnelle à la guerre en cours des ministères directement concernés (et même plus ou moins directement des autres) et leur subordination à un Etat-major (oui, si on fait la guerre, il faut un organe permanent de commandement, c’est la base) ou peut-être deux (action intérieure et action extérieure).

En matière de sécurité intérieure, les préconisations de la commission parlementaire semblent être de bon sens. La priorité est évidemment de redonner de l’efficacité au renseignement intérieur, de reconstituer les réseaux des anciens renseignements généraux (et une vraie police de proximité), d’intégrer de gré ou de force les différentes chapelles du ministère de l’intérieur. Les juges doivent avoir les moyens de traiter les dossiers plus rapidement et efficacement. La politique carcérale doit également faire l'objet d’un effort considérable. Les prisons doivent devenir des lieux de réintégration dans la société et non plus des usines à radicalisation ou des zones de contact avec les réseaux criminels, réseaux qui doivent aussi être conçus comme un champ de bataille dans cette guerre. 

Il faut sans doute aller encore plus loin que la commission dans la capacité d’intervention et donc à faire confiance (en format et équipant en conséquence) à des agents de sécurité de proximité, des agents privés et même des citoyens sélectionnés (anciens militaires, gendarmes ou policiers notamment). Quant à nos soldats, déjà peu nombreux, ils ont bien d’autres choses à faire hors des rues de France, hors interventions d’urgence. C’est une « révolution dans les affaires de sécurité » qui doit être menée si on veut vraiment obtenir un bouclier efficace et le chantier est immense.

A l’extérieur, il faudra intégrer bien mieux qu’on ne le fait actuellement (on ne le fait pratiquement pas en fait) combiner les instruments d’action et d’influence de la défense et du ministère des affaires étrangères. L'opération militaire Barkhane au Sahel c'est bien mais c'est très insuffisant par rapport aux problèmes que rencontrent les Etats locaux. Entre autres choses, l'équivalent de Barkhane pour aider l'agriculture locale y serait au moins aussi efficace à long terme pour lutter contre les organisations islamistes que le simple ciblage de ses membres. 

La force de projection militaire, devenue squelettique, doit retrouver de la force. Il faut reconstituer le réseau dense de conseilleurs dont nous disposions il y a quelques dizaines d’années, disposer d'unités expéditionnaires souples plus puissantes et adaptées, constituer des unités mixtes franco-locales à la manière de l’armée tchadienne en 1970, etc. le tout bien sûr dans le respect des souverainetés locales. 

Le plus important de tout reste cependant la volonté de combattre, c'est à dire concrètement d'accepter que des soldats tombent éventuellement. Nous avons accepté que plusieurs dizaines de soldats français soient tués ou blessés au Mali face à des adversaires qui n'avaient pas tués plusieurs centaines de personnes en France. Pourquoi n'est ce pas le cas face à l'Etat islamique ? Avons-nous donc perdu tout courage ou sommes-nous si nuls pour imaginer qu'on ne peut combattre au sol sans s'enliser ? Là aussi, tant de choses à faire, et si peu de choses de faites depuis le début de la guerre.

Mais ne nous y trompons pas, lutter contre des hommes armés ne suffira pas si on ne s'attaque pas non plus aux raisons qui font que ces individus acceptent de prendre les armes, de mourir et de tuer des innocents. On peut se contenter, faussement, de n'y voir que la manipulation d'esprits simples, voire dérangés. On peut considérer aussi la capacité de notre société libérale-libertaire à, selon un paradoxe qui n'est qu'apparent, à se rigidifier et produire massivement de l'humiliation sociale.   

De ces drames peut finalement sortir un bien commun. A la France des mornes années trente et du désastre de 1940 a succédé la France de trente glorieuses. On parlait alors de miracle français. Le nouveau miracle français consistera sans doute à redevenir un modèle de société séduisant pour ses membres et pour le reste du monde. Ce sera encore plus puissant pour l'emporter que toutes les forces militaires ou de sécurité que nous pourrons (et qu'il faudra) aligner. Cette guerre est un défi pour toute une génération, une « grande génération ».

36 commentaires:

  1. Bonjour,
    Est-ce à dessein, le thème de votre billet (?), que vous ne traitez pas d'une chose tout aussi importante que définir son ennemi à savoir les critères de la fin de cette guerre ?
    Il me semble qu'encore plus que de nommer l'ennemi il s'agit de savoir quand on arrête cette guerre, en d'autres termes quand les objectifs sont-ils atteints ?
    Les objectifs permettent aussi de définir précisément les moyens à mettre en oeuvre et c'est bien là -il me semble- que nous risquons d'avoir quelques réveils douloureux... Pour ma part j'avoue que j'ai un peu de mal à discerner clairement les objectifs de cette guerre, non que je la nie, mais plutôt que j'ai un peu de mal à savoir exactement quels critères seraient adéquats pour crier victoire...

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    1. L'objectif est parfaitement simple: Que une fois vos bagages fais, vous fassiez rentrer votre petite famille dans votre SUV, et que vous les emmeniez visiter Petra, Palmyre, ou encore Bam en Iran, et ceci en toute sécurité. Cela peut faire rire, c'est pourtant ce que ma famille à fait plus d'une fois, Iran, Pakistan, Afghanistan, etc, à une certaine époque où on roulait en van WW. Que les routes de la liberté soit ouverte, et que les économies fleurissent. Pour ce faire, il faut prendre les villes (militairement ou politiquement), les régions, virer les djihadistes et trouver des responsables civilisés qui ne feront pas péter la mosquée de leur adversaire politique dès que le scrutin serait en leur défaveur. Puis nourrir les populations, les logés, leur permettre de consommer, d'étudier, d'accéder au monde en définitive, sauf que l'islam est un mur pour le mental et pour l'adaptation de ces gens à la réalité scientifique, la seul qui fait des miracles parfaitement probant et qui sauve des vies tous les jours grâce à la médecine. Ils sont fondamentalistes, mais dès qu'ils sont blessés ils crient pour avoir des soins à l'occidental, car la prière n'empêche pas la douleur (sauf pour les bonzes maitres de la méditation et de l'équilibre universel. lol) Voilà le principal problème: La perception de la réalité à travers le prisme de la religion, en bref le problème est l'Islam, ce n'est pas pour rien que nous avons séparé l'église et l'état en France. A Orlando,ou à Nice, ces terroristes étaient des bisexuels; alors est-ce-que l'islam pouvait donner une réponse à leur identité sexuel? Surement pas! Le terrorisme trouve ses fondements dans l'obscurantisme religieux, celui qui ne donne aucune réponse au monde moderne que nous connaissons aujourd'hui, en pratiquant une intolérance assassine en tuant des innocents comme des fous furieux qui ne comprendraient pas ce qui leur arrive, en âmes perdus... C'est pas le bouddhisme qui tue, c'est pas pour Quetzalcoatl qu'ils deviennent kamikazes, ce n'est pas non plus par amour de la littérature coranique, non, c'est juste des fous qui se trouvent une trame à leur aberration mental en étant récupérés par des idéologues musulmans. Et ces idéologues sont référencés par la Médina...

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    2. Kamikaze pour Quetzalcoatl non, mais pour Mictlantecuhtli c'est possible.
      On a les Aztèques qu'on peut... Ceux de Nice sont plus proches des pastèques.
      Mais même en raisonnant comme des pastèques, la force brute, ça fait 90 morts environ.
      Donc tout votre raisonnement est parfaitement valable.
      Un chat est un chat. Un chien ne fait pas de chats.

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  2. Si vous voulez partir en guerre contre la dépense publique, il vous faut désigner un objectif clair face à un ennemi précis, et ne pas vous tromper d'ennemi.

    Vous vous en prenez aux syndicats de fonctionnaires. Mais pourquoi donc ? Car, si on regarde le détail de la dépense publique de la France, ce n'est pas sur les dépenses de fonctionnement que la France dépense plus que ses voisins mais sur les dépenses sociales, et particulièrement les retraites.

    Voici par exemple un tableau comparatif :

    http://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php/File:Total_general_government_expenditure_by_function,_2014_(%25_of_GDP_%25_of_total_expenditure).png

    où on peut comparer les dépenses par poste avec par exemple la moyenne de la zone euro, EA-19 :
    - un écart de 8,1% à la moyenne
    - dont 4,4% pour les dépenses sociales hors santé et 0,9% pour les dépenses de santé, soit 5,3%
    - dont 0,7% pour les dépenses d'éducation, ce qui est inévitable car il y a plus d'enfants par femme en France
    - dont 0,5% pour les dépenses de défense ;
    - dont 0,7% sur le poste "affaires économiques" et 0,7% sur le poste "logement et équipements collectifs", qui sont des dépenses de transfert (aides aux entreprises et au logement).

    Avec ces dépenses, on explique un écart de 7% sur 8,1% d'écart total, et cela ne concerne pas les dépenses de fonctionnement de l'Etat (ou cela concerne des dépenses inévitables). Et le reste de l'écart (culture et écologie) ne vient pas forcément de dépenses de fonctionnement de l'Etat.

    Donc, vous vous en prenez peut-être (sans doute) au mauvais ennemi.

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    1. erreur, 7,9% sur 8,1% en fait

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    2. Pour éviter à l'avance une réponse convenue :

      http://www.lesechos.fr/09/06/2013/lesechos.fr/0202816518477_public-prive---l-ecart-des-retraites-n-est-pas-aussi-grand-qu-on-le-pense.htm

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    3. Vous avez raison et ce n'est pas l'objet premier de l'article.

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    4. L'écart entre les dépenses sociales françaises et celles de nombre de pays voisins tient à l'importance de la prise en charge par la collectivité de la protection sociale (santé, chômage, etc). Réduire cette part signifie soit baisser notre niveau de protection (et risquer de pousser un peu plus dans les bras de n'importe quel idéologue de bas étage tous ceux qui se sentiront "abandonnés" par l'état, et pas forcément à tort d'ailleurs), soit s'en remettre à des sociétés privées pour une efficacité somme toute douteuse (les USA dépensent près du double de la France en % de PIB pour leur santé, et ont une espérance de vie moyenne plus faible sans parler des millions d'américains qui n'ont/n'avaient aucune couverture médicale; on peut aussi parler des retraités anglo-saxons qui doivent travailler parce que leurs pensions se sont volatilisées avec la crise financière).
      Plutôt que de s'attaquer aux dépenses, il serait peut-être plus pertinent de nous donner les moyens financiers de la guerre, en commençant par lutter efficacement contre la fraude et l'évasion fiscale (et en punissant très lourdement ceux qui se rendent coupable de refuser l'un des premiers devoirs du citoyen, la participation aux dépenses d'intérêt collectif), en supprimant 3/4 des niches fiscales dont tous les rapports du Parlement/OFCE et autres démontrent au mieux le peu d'efficacité, au pire la contre-productivité, ou encore en supprimant le CICE (1% du PIB de la France/an pour un bilan ridicule en terme de création d'emploi (mais plus de dividendes pour M Gattaz&Cie); avec 1% du PIB de la France en plus on pourrait augmenter considérablement les moyens de l'armée, de la police et de la gendarmerie).

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    5. pardon anonyme
      mais, Michel GOYA interpelle à fleurets mouchetés notre incapacité à conduire notre révolution dans les affaires de sécurité intérieure, parce que nos gouvernants (passés, actuels et à venir) ne veulent pas affronter le corporatisme et les acquis syndicaux. je m'explique
      sans chercher à reconsidérer nos dépenses sociales (et encore, quoi que, sans penser toujours aux seuls "immigrés" qui bénéficient de la CMU, regardons déjà nos petits gaulois qui peuvent jouer sur tous les tableaux faute de recoupement des données budgétaires), on peut quand même s'interroger sur le fromage de la formation professionnelle qui ponctionne plusieurs dizaines de milliards de la richesse nationale. on peut aussi s'interroger sur l'extrême difficulté à réformer notre administration. qui contrôle les cagnottes de la formation professionnelle et des comités d'entreprise ?
      plus près de nous et Michel GOYA le suggère fort bien : l'organisation opérationnelle de la police a t'elle été revue pour affronter une menace dont elle revendique la paternité, l'exclusivité et le leadership ? je ne le crois pas : les syndicats veillent , à tous les étages (commissaires, officiers de police et fonctionnaires en tenue). la seule "flexibilité" (parlons moderne) ne peut venir que de la gendarmerie ou des armées , le statut le permettant. je ne remets pas en question les compétences techniques mais l'esprit qui anime nos fonctionnaires pour affronter cette menace.
      alors les solutions sont trouvées : on déploie une armée en veillant bien qu'elle ne fasse pas ce qu'elle sait faire de mieux : le combat en s'appuyant sur une expérience de vingt ans de guerres qui ne voulaient pas dire leur nom, d'interposition ou d’opérations au milieu des populations. on lui refuse le statu de primo intervenant . un seul exemple (théorique j'en conviens) : En 2014 (avant SENTINELLE et la suspension de la préparation, lorsque le concept d'entraînement exigeait des préparation à la projection de plusieurs mois), l'armée de terre comptait environ 420 sections d'infanterie, 80 sections de combat du génie et environ 200 pelotons blindés, soit environ 700 pions tactiques. en admettant qu'un quart soit disponible pour SENTINELLE, cela nous donne environ 180 sections (ou 540 groupes de combat de 6-8 h environ), entrainés à l'ISTC, au sauvetage au combat, capables d'être déployés en réserve d'intervention, ou de patrouiller en zone urbanisée, capables en cas de surprise (le contact inopiné) d'encaisser le premier choc et de réagir. et bien non, pour ne pas remettre en question les acquis corporatistes, on décide d'armer de fusil d'assaut les BAC et les PSIG et de les mettre à niveau alors que dans le même temps, nous avons les casseurs de la loi travail.
      dans le même temps, pas de réforme du renseignement intérieur, pas de redéploiement vers le renseignement d'ambiance (les RG), là où la police a toute sa place.

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    6. @felipe
      D'abord Vigipirate, puis Sentinelle, et enfin les réservistes. Vous n'avez pas l'impression qu'on essaye de pêcher des crevettes avec un filet pélagique à thon?
      Après l'attentat à l'arme blanche dans le train allemand, le ministre en charge de ce drame à dit qu'il ne servait à rien de mettre des soldats partout. Et bien pour moi c'est du même acabit que les autoroutes allemands sans limite de vitesse, c'est avant tout une question fondamental d'état d'esprit, où quand ces autoroutes gratuit, sont le résultat de citoyens allemands responsabilisés. Alors nous français sommes-nous tombés si bas, que l'on doit prendre les français pour des débiles, et qui auraient besoin de détecteur de fumer ou d'éthylotest rendu obligatoire, parce trop niait à la base pour comprendre les choses? Certain vont dire que c'est notre côté latin..Des peanuts oui!!! C'est en faite le monde politico-médiatique qui cherche à abrutir le peuple de France, pour mieux le contrôler! Enfin c'est une vrai question, qui n'a qu'une réponse..bien triste. Hier à Munich avec les flics en Audi et en BMW, et chez nous des Berlingo pour Sentinelle, alors comment voulez-vous impressionner l'adversaire avec des véhicules qui semblent avoir été dessiné par les designer d'Electrolux? Et je parle pas du matos qu'ont les flics américains; par-ce-qu'ils faut avoir le souci du détail et de la prestance pour avoir une autorité vraiment respecté. Car ça sert à ça le beau, à impressionner, comme l'apparat de l'uniforme finalement. Mais "l'état d'esprit", reste aussi et surtout la complémentarité de l'apparat (cosmétique).
      Sinon en ce qui concerne votre post, où on devrait déshabiller Paul pour habiller Jacques, et bien je vous conseil de vous retournez vers la responsabilité des banques, car elles ont oubliés de vous dire quelques trucs..très très palpables. Bref aller chercher l'argent là où elle est, plutôt que de faire un nivellement par le bas, tel de misérables Thénardier..ou d'inconscient inspecteurs Javert. Quand même, quel devin sur la société française ce Victor Hugo?! Remplacé aujourd'hui par Monsieur Pokémon...

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    7. Bonjour,
      Je vous lis depuis longtemps mais ceci est mon premier message...
      En commentaire à la discussion précédente concernant l'économie française, je vous renvoie tous au dernier ouvrage du prix Nobel Jean Tirole : "Economie du bien commun".
      Pour aborder le vif du sujet, colonel, et en accord avec l'idée de riposter solidement contre l(es) ennemi(s), je serais très curieux de lire un prochain post où vous décririez un scénario d'engagement de nos armées *chez l'ennemi*... notre pays a-t'il les moyens de cette ambition ? Si oui, il n'y a sans doute que chez vous qu'on trouverait du concret.

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  3. Il faudrait d'abord identifier les ennemis.

    Or, les USA et la France n'ont pas montrés une grande perspicacité dans l'affaire.
    Leur mot d'ordre initial "Bachar n'a pas le droit de vivre" est, semble-t-il, abandonné. C'est une promesse de lucidité et nous pouvons nommer ces ennemis:
    -Daesh/Isi/Ei, criminels, monstrueux et inhumains.
    -Al Nosra, camouflage de Al Kaida: idem.
    -Islamistes modérés: cette notion de modération dans l'extrémisme est une trouvaille de la communication diplomatique US. Une anecdote le montre: il y a deux jours ces modérés ont coupé la tête à un garçon de 12 ans. Ils ont explicitement reconnu que sa mort sera obtenue par décollation parce qu' "ils sont pire que Daesh".
    A partir de ce haut fait public, le Département d'Etat a décidé de ne plus les ravitailler en armes et munitions. Cela vaut reconnaissance qu'ils étaient donc régulièrement soutenus par les USA.
    A noter sans surprise que ces organisations sont fluctuantes dans leurs personnels: ça va, ça vient et les allégeances sont variables selon les avantages promis.
    A noter aussi qu'ils sont nos ennemis, mais qu'ils bénéficient de complicité, surtout en Irak, parmi des fractions de la population.
    Lors de l'assaut contre Sinjar, Daesh a été renforcé par des jeunes hommes sortis des villages arabes proches: l'attrait du rezzous est irrépréssible...

    Bien entendu, cet effort de clarification est une infime contribution à la mobilisation que l'Etat doit fournir, tous services confondus.
    Et il vient avec 5 ans de retard.
    " Tout sauf bachar" et "Al Nosra fait du bon boulot" auront été un handicap mortel. Notre idéologie aura été aveuglante.

    Il reste maintenant à reconnaître que sur place, au Moyen-Orient, aucun Etat n'est un allié valable.
    Syrie: Non.
    Turquie: Non.
    Pays du golf: Non.
    Irak: Non. Ce pays est une cause perdue pour les 20 ans à venir.
    Reste les Kurdes. Mais il va falloir un certain temps pour le reconnaître.



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    1. 24/7/2016 )

      John Bolton, senior fellow at the American Enterprise Institute: Iraq has collapsed, US should support Kurdish aspirations.

      “I think the government of Iraq has collapsed,” he said. “I don’t think it can be put back together. I have said the Kurds in Iraq have demonstrated being capable of governing themselves.”
      "[...] I believe the United States should be supportive of their [= Kurds in Iraq] legitimate aspirations.”

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  4. Bonjour Mon Colonel.
    Révolution dans les affaires de sécurité ?
    Si on reprend les souches RAM/RMA dont vous vous inspirez, il faudra envisager :
    RSA en bon anglais mais ça fait pauvret ;
    RAS en français, et RAS, c'est déjà le mot d'ordre, non ?

    Bien respectueuses salutations,
    CL'h./.

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  5. en avant la Colo23 juillet 2016 à 13:31

    Merci pour ce rappel de nos capacités au début des années 70, avec l'époque du général Costadellas et de l'opération Limousin.
    A défaut de citer votre excellent article paru en 2013 dans la revue du CDEF (lettre du RETEX n°6) lecture indispensable, je conseillerai aux personnes intéressées le petit opuscule du général de Tonquedec ("Face au Darfour"), qui relate cette aventure.

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  6. Il s'agissait en l'occurrence du général Édouard CORTADELLAS (et non Costadellas).

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    1. en avant la Colo23 juillet 2016 à 17:40

      Merci d'avoir rectifié cette stupide faute de frappe. Mea culpa.
      il y a d'ailleurs perdu son fils dans cette affaire (sergent-chef au 6eme RIOM).

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  7. Juste pour signaler autre faute de frappe probable dans l'article principal : "dizaines de soldats français soient été tués ou blessés au Mali".

    Et un grand merci pour cet article. A.C.

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  8. Le lien entre le terrorisme islamique sur notre sol et l'immigration musulmane étant patent, je m'étonne que n'aient pas été proposées sur ce fil des mesures visant à limiter cette immigration.
    Par exemple :
    Rupture définitive des négociations relatives à l'entrée de la Turquie dans l'UE.
    Refus de la suppression des visas pour les Turcs convenue entre A. Merkel et Erdogan.

    Refus d'accepter des demandeurs d'asile ayant effectué leur demande dans un autre pays de l'UE.

    Suppression du droit du sol pour les ressortissants des pays musulmans.
    Expulsion des délinquants étrangers ressortissants de pays musulmans.

    Durcissement des conditions de l'immigration légale pour les ressortissants de pays musulmans.

    Interception en mer et refoulement en Libye des migrants partis de Libye.

    Indépendance de Mayotte.

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  9. Le lien entre le terrorisme islamique sur notre sol et l'immigration musulmane étant patent, je m'étonne que n'aient pas été proposées sur ce fil des mesures visant à limiter cette immigration.
    Par exemple :
    Rupture définitive des négociations relatives à l'entrée de la Turquie dans l'UE.
    Refus de la suppression des visas pour les Turcs convenue entre A. Merkel et Erdogan.

    Refus d'accepter des demandeurs d'asile ayant effectué leur demande dans un autre pays de l'UE.

    Suppression du droit du sol pour les ressortissants des pays musulmans.
    Expulsion des délinquants étrangers ressortissants de pays musulmans.

    Durcissement des conditions de l'immigration légale pour les ressortissants de pays musulmans.

    Interception en mer et refoulement en Libye des migrants partis de Libye.

    Indépendance de Mayotte.

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    1. @ Jean Saturne,

      Personnellement, et par instinct, j'aurais volontiers été partisan de la guerre totale et avec tous les moyens que la France peut produire. Donc, y-compris une "levée en masse".

      Mais, à la réflexion, l'ennemi est un peu trop diffus pour se lancer tête baissée dans la muleta. C'est un ennemi liquide et rusé qu'on ne combat pas selon les règles de la blitzkrieg, même "subtile et passionnée", comme vois dites.

      Certes, comme vous, on peut faire le pari d'une nouvelle forme de guerre, innovante et imaginative, faite de tactiques nouvelles, de recherche de ruptures et de surprises stratégiques, de hautes technologies, etc.

      Oui, on peut imaginer bien des choses. Mais force est de constater que pour l'instant nous ne sommes tout simplement pas au niveau de l'enjeu.

      C'est peut-être sur le plan intellectuel que nous sommes les plus nuls. Regardez le com de Jovien. Combien la France compte-t-elle d'abrutis de son genre qui en sont restés au modèle stratégique de l'invasion musulmane? Et si on compte ceux qui adhèrent au modèle du choc des civilisations, ils sont majoritaires. Ce sont les deux modèles intellectuels mainstream, y-compris chez nos politiques.

      Comment voulez-vous qu'on élabore une stratégie pertinente puisqu'à la base on se trompe de type de guerre?

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    2. @ tschok ... vous pouvez ne pas être d'accord avec "Jovien" mais est il nécessaire de le traiter d'abruti ? Et encore plus quand vous débitez des platitudes et des formules toutes faites qui ne dénotent qu'une chose : votre ego. Ceux qui ne pensent pas comme vous sont majoritaires (vous le reconnaissez, c'est déjà cà) et sont des abrutis puisqu'ils ne pensent pas comme vous. Bref vous êtes un génie incompris ...

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    3. Je pense que c'est nécessaire.

      Du reste, se poser la question, comme vous le faites, c'est admettre la possibilité d'une réponse positive.

      Vous ne l'auriez pas traité d'abruti, vous? Sérieusement? Vous trouvez que l'indépendance de Mayotte est une proposition pertinente et brillante d'un point de vue stratégique?

      Notre problème, c'est la lutte contre Daesh et Jovien propose d'octroyer son indépendance à Mayotte... Bon...

      Ne me dites pas que vous ne l'avez pas pensé très fort.

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  10. Bel article clair. L'analyse de la situation et les propositions sont objectives. Je voudrais revenir sur deux points.
    - La position gouvernementale à propos des monarchies du golfe est la conséquence de la vente de la plupart de nos "joyaux de la république" par actions interposées à ces milliardaires. Ils sont maintenant les propriétaires de fait de nos grandes entreprises. Les fonds de pension US aussi. Les deux sont d'ailleurs liés. Ces gouvernants de pacotille ont vendu nos entreprises jadis nationalisées sur les marchés dans le seul but de financer les dépenses courantes de l’état et pour acheter la paix sociale. Aujourd'hui nous n'avons plus les entreprises et nous continuons à dépenser n'importe comment. On aurait pu trouver une autre solution du type des fonds de pension américains mais nationaux ; la classe politique y a renoncé par couardise. C’est une autre histoire. Dans le même ordre d’idée, on peut se demander pourquoi Khadafi a été reçu en aussi grande pompe par Sarkozy à Paris pour lui rentrer dans le chou peu de temps après. N’y aurait-il pas là aussi des participations occultes aux financements des partis ? En gros, notre indépendance est illusoire puisque notre pays ne nous appartient plus !
    - Lorsque la justice décide de placer un individu en détention, ce n’est pas dans le but de le réinsérer à la vie de la société. C’est parce qu’elle juge que cet individu est un danger pour elle et qu’il faut l’isoler pour la protéger. Cela signifie que le système carcéral n’a jamais été conçu comme un système de réinsertion. C’est d’ailleurs l’erreur qui est a été faite depuis de nombreuses années et particulièrement par Taubira. La réinsertion ce n’est pas le rôle de l’administration carcérale. Par contre, que les détenus y soient protégés de leurs voisins et qu’ils ne sortent pas pire qu’ils sont rentrés, c’est le rôle de l’état. Et là, il y a à beaucoup à redire.

    Merci de m’avoir lu.
    D BADIN

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  11. Mon colonel,

    Permettez-moi de vous remercier pour le présent article, d'une qualité coutumière pour ce blog. Un point m'intrigue cependant :

    "Cela serait cependant insuffisant sans une adaptation, matérielle, culturelle et organisationnelle à la guerre en cours des ministères directement concernés (et même plus ou moins directement des autres) et leur subordination à un Etat-major (oui, si on fait la guerre, il faut un organe permanent de commandement, c’est la base) ou peut-être deux (action intérieure et action extérieure)."

    Vous suggérez ici la subordination de l'action de plusieurs (?) ministères à un Etat-Major. Si l'idée semble opérationnellement très intéressante, ne comporte-t-elle pas un risque réel de dérive lié à l'évolution même des institutions une fois créées et leur tendance naturelle à la bureaucratisation ? La lecture de ce passage me conduit à une analogie, celle de l'Etat-Major allemand du début du XXième siècle et plus particulièrement de la première guerre mondiale, qui sur la base d'un principe de subsidiarité certainement louable sur le plan opérationnel, a abouti à une confiscation de la réflexion stratégique et plus particulièrement de la grande stratégie allemande au point de marginaliser le gouvernement civil.

    Ne pensez-vous pas que votre proposition pourrait, à moins de la doter de très sérieux garde-fous, conduire à une dérive similaire ?

    Bien à vous,

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    1. Pour ma pars je pense le contraire, cet-à-dire que les considérations politiques l'emportent sur la stratégie militaire. Exemple: On envoie un corps expéditionnaires en Afghanistan pour soutenir les américains attaqués le 11/09 (si vous êtes pas avec nous, vous êtes contre nous; axe du mal; etc.). Mais quand c'est nous qui sommes attaqués en Janvier 2015 à Charlie, on n'organise pas une riposte de guerre en envoyant des soldats attaquer l'état islamique sur son sol, mais plutôt une posture d'accommodement sans vouloir irriter nos futurs clients du golf, mais aussi les américains qui font la pluie et le beau temps en Irak, et qui eux seul donnent les permissions. Car sinon on aurait pris une base en Irak pour notre aviation et pour une concrète proximité de nos troupes avec Daesh.

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    2. @ jean Saturne,

      Je crois qu'il y a surtout un problème de moyens et d'ordre de grandeur: l'envoi d'un corps expéditionnaire sur le territoire même de l'ennemi supposait que la France se mette en état de guerre et mobilise des forces qui excèdent de loin le format actuel de son armée, qui est une armée d'armistice (de suspension du combat).

      Il faut s'enlever de l'idée qu'on aurait pu envoyer un corps expéditionnaire en Irak et en Syrie tout en continuant normalement nos vies, comme si on avait pu déléguer à l'armée le soin de régler le problème, loin de nous, sans que cela ne change rien au cours des choses en France.

      En somme, il aurait fallu basculer dans la guerre, la vraie, et c'était ça la décision à prendre ou ne pas prendre. Appelez-ça "considérations politiques" si cela vous chante et pensez qu'elles l'ont emporté sur la stratégie militaire si vous le voulez, mais posez-vous simplement cette question à votre propre échelle: si vous aviez été le décideur, auriez-vous pris la décision de faire entrer votre pays dans la guerre?

      La vraie guerre, hein? Vous-vous voyez avec votre calot, vos bandes molletières, votre ration de topinambours et votre vieux fusil Lebel crapahutant dans l'arrière pays syrien ou irakien, à ferrailler contre les miliciens de Daesh et les tributs sunnites qui vont vous tomber sur le râble, parce qu'elles vous percevront comme un envahisseur? Un combat long, usant, dure, sanguinaire, barbare et sans gloire. La guerre d'Algérie, en plus grand, en plus cruel encore. Tout ça pour quoi, Pour abattre un ennemi, Daesh, qui sera aussitôt remplacé par un autre, pire encore?

      Comme ce n'est pas tout à fait une perspective absolument bandante et qu'elle ouvre à tous les emmerdements imaginables sans offrir d'espoir de victoire rapide et décisive, les gens qui nous gouvernent ont lucidement écarté cette option.

      Doit-on les en blâmer, alors que l'ennemi peut-être plus surement vaincu par d'autres moyens?

      Alors, oui, bien sûr, ce n'est pas grandiose. On est dans la posture, dans l’accommodement aussi. Dans la recherche d'alliance avec les puissances locales et dans l'alignement sur l'allié américain. Mais puisqu'on n'a pas choisie la vraie guerre, c'est à peu près tout ce qui reste à faire, et si ça marche, pourquoi pas?

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    3. Je suis assez d'accord avec vous. Le choix d'une stratégie misant sur des actions indirectes et une guerre d'usure est logique de la part de la France et plus généralement des pays occidentaux (au premier chef les Etats-Unis).

      J'ajouterai que les perceptions de l'opinion publique ont considérablement changées depuis deux ans. L'intervention militaire que certains regrettent de ne pas avoir fait aujourd'hui auraient été perçue comme une irresponsable aventure militaire par une grande majorité à l'époque.

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    4. @Tschok
      Pour résumer votre post, c'est bien une question de posture. Autant on aurait pu aller faire la guerre à l'EI, autant on préfère bombarder et laisser les indigènes prendre les risques de "notre" combat.
      Bah moi je vois pas les chose comme ça, et j'en arrive même à me dire que les pro-russe ont peut-être raison de dire qu'il y a une forme de vassalisation, une soumission qui retiendrait notre capacité à utiliser tous les moyens pour vaincre. On se bat avec toutes les cartes en notre possession, ou on subit les décisions tactiques américaines. Et pour ceux qui disent que l'on a pas les moyen de faire cette guerre, et bien je pense qu'ils n'ont cas préparer l'armistice, car l'islam radicale ne fait que commencer..... Personne ne veut plus se mouiller, on en est là, et dans 6 mois ce sera toujours la guerre en Irak et en Syrie. Notre mentalité de souveraineté est devenu bien morne, il ne sert donc plus à rien de continuer de parler stratégie puisque nos armées sont au bord de l'overdose parait-il. C'est vrai que c'est plus facile de pratiquer la course à l'échalote sur notre territoire avec Sentinelle, plutôt que d'organiser une véritable blitzkrieg avec subtilité et passion contre l'EI. Enfin faut pas rêver, l'empire français, c'est bel et bien terminé! Alors merci à nos grands stratèges de prendre autant de risque.......

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    5. Alors oui c'est sûr on arrive à faire la guerre avec zéro mort c'est bien, mais c'est zéro mort militaire, car les civils eux ils morflent! La guerre indirect c'est un tour de passe-passe sémantique pour dire qu'on fait ce qu'on peut, mais a-t-on vraiment un président stratège au pouvoir, avec une véritable vision de la chose militaire? Bien-sûr que non. J'ai ma vision personnel pour faire la guerre à l'EI, et c'est tout-à fait possible de le faire tactiquement, matériellement, et diplomatiquement. Ce n'est pas parce que certain n'ont pas d'imagination, que personne doit en avoir... Enfin des aberrations tactiques et stratégiques il y en a eu un sacré nombre dans l'histoire militaire française, ce serait bête de déroger à cette règle, ironiquement. Pour rappel: 1941, Dien-Bien-Phu, Algérie, Rwanda, Kapisa. C'est peut-être pour ça que j'ai préféré m'intéresser à 14-18, histoire de surtout fleurter avec le sens de la victoire, plutôt que celui de la défaite. Finalement on peut juste constater qu'avec tous ces morts en France (et non au combat), notre défense est juste perfectible, et de manière interne comme externe. On a peut-être trop regarder Drucker le dimanche à la télé, qui sait?

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  12. Cette histoire, et celle de l'Occident, c'est celle de la légende du Talon d'Achille. Une armée invincible, mais extrêmement fragile sur un point de détail.
    .
    La faille dans cette équation est simple : on se mettra Ryad et Doha à dos lorsque les Rafales et les Leclerc biberonneront du Bourgogne et du Cognac, lorsque les Apaches feront le plein de Coca-Cola.
    .
    Mais tant que c'est du pétrole, nous ne feront absolument rien. Ils nous tiennent par les c*. Si G.Bush avait essayé de faire main basse sur le pétrole Irakien après des attaques qu'il savait pertinemment avoir des ramifications dans les ministères Saoudiens, c'est précisément pour avoir les mains libres ensuite : dans l'économie actuelle, et dans la façon de fonctionner des armées, ne peut pas se fâcher à la fois avec l'Iran, l'Irak, l'Arabie et avoir Maduro comme président au Vénézuela.

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    1. c'est un choix. 24% de nos importations viennent du Moyen-Orient (quasi-exclusivement de l'Arabie saoudite) mais 28% de l'ex URSS (dont 1/3 de Russie) et 22% de l'Afrique subsaharienne (nigéria, Angola, guinée, congo,..). On peut donc changer de fournisseurs (ou moins dépendre de certains). C'est une question de volonté (de courage?)

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    2. ... de prix.
      .
      Si un tel report sur des producteurs tiers est fait par la France seule il n'aurait aucune conséquence politique : il y aurait des tiers qui empocheraient une commission sur le transit du pétrole saoudien, et qui changerait l'étiquette sans plus de conséquence. Il faudrait que ce soit une politique coordonnée au niveau de plusieurs gros consommateurs. Ca reste possible, mais si on ne veut pas une flambée du prix du pétrole, il faut mettre la main sur une (très) grosse citerne de pétrole : la posture de G. Bush.
      .
      Le pétrole Irakien n'étant plus une option, il faudra voir du côté de l'Iran ou du Vénézuela, ou encore changer notre fusil d'épaule en matière de consommation, spécialement pour les armées. On peut bien sûr commencer par réduire la dépendance de la France, mais en l'état du marché, le jour où nous sommes suivis par 2 ou 3 autres pays, on aura de nouveau le pétrole à 120€/baril, et une crise économique à la clef.

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  13. Article politique essentiellement et donc, par les temps qui courent, polémiste.
    La seule solution serait, à mon avis, un referendum d'initiative populaire sur l'état de guerre : sommes-nous en guerre ? contre ... l'article est très précis sur ce point.
    Ce referendum est impossible car il nécessite 20% des députés, lesquels doivent remettre leur mandat en cause dans 11 mois !
    Conséquence : autre solution, la manifestation !!! Ce n'est guère notre style ni notre compétence.
    Reste l'écrit qui soulage.
    A moins de commencer à étudier de façon très analytique et dépassionnée les programmes des candidats.
    C. Leroy

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  14. Lectures estivales (Suite) par Marc (Prénom) Pierre 5Nom)

    Bonjour,
    Permettez-moi de réagir à cet article en faisant appel à notre grand fabuliste Jean de la Fontaine.

    Jean de la Fontaine, Le coche et la mouche, Livre VII, Fable 9

    Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,
    Et de tous les côtés au soleil exposé,
    Six forts chevaux tiraient un Coche. (1)
    Femmes, Moine, Vieillards, tout était descendu.
    L'attelage suait, soufflait, était rendu.(2)
    Une Mouche survient, et des Chevaux s'approche ;
    Prétend les animer par son bourdonnement ;
    Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment
    Qu'elle fait aller la machine,
    S'assied sur le timon, sur le nez du Cocher ;
    Aussitôt que le char chemine,
    Et qu'elle voit les gens marcher,
    Elle s'en attribue uniquement la gloire ;
    Va, vient, fait l'empressée ; il semble que ce soit
    Un Sergent de bataille (3) allant en chaque endroit
    Faire avancer ses gens, et hâter la victoire.
    La Mouche en ce commun besoin
    Se plaint qu'elle agit seule, et qu'elle a tout le soin ; (4)
    Qu'aucun n'aide aux Chevaux à se tirer d'affaire.
    Le Moine disait son Bréviaire ;
    Il prenait bien son temps ! une femme chantait ;
    C'était bien de chansons qu'alors il s'agissait !
    Dame Mouche s'en va chanter à leurs oreilles,
    Et fait cent sottises pareilles.
    Après bien du travail le Coche arrive au haut.
    Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt :
    J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.
    Ça, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine.

    Ainsi certaines gens, faisant les empressés,
    S'introduisent dans les affaires :
    Ils font partout les nécessaires,
    Et, partout importuns, devraient être chassés.

    (1) Voiture qui est posée sur quatre roues, en forme de carrosse, à la réserve qu'il est plus grand et qu'il n'est point suspendu (dictionnaire de Furetière, 1690)
    (2) Épuisé
    (3) Officier considérable qui, dans un jour de combat, reçoit du général le plan et la forme qu'il veut donner à son armée … (Richelet)
    (4) Les efforts

    La morale de cette histoire, nous la laisserons à tout un chacun.
    Bonne semaine à tous

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  15. Comme toujours, c'est bien vu!

    Ils font la "guerre contre le terrorisme" comme on lutte conte la délinquance routière, ou la violence conjugale. Pour nos politiciens, ce n'est qu'un item parmi d'autres. D'ailleurs le terrorisme tue moins que les accidents de la route, n'est ce pas?

    Si nous faisions la guerre, les casernes seraient pleines, il y aurait des permissionnaires en tenue dans les trains, des postes aux carrefours, et des convois de camions bâchés sur les routes. Nous ne faisons pas la guerre, nous la rêvons. C'est une guerre de travestis. Nous faisons de l'élément de langage. Même le CENTCOM a truqué les chiffres, comme on bidonne ceux du chômage ou de la dette.

    De tout temps, nous avons réagi au premier coup de canon à la frontière. Aujourd'hui, la frontière passe sur notre paillasson.

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